Activité-E: Synthèse



Description du milieu

Cet essai portera spécifiquement sur les bibliothèques publiques au Québec que ce soit en milieu urbain, périurbain ou rural. Il sera intéressant de comparer les différences communicationnelles selon la taille de l’institution. Comment la taille de l’institution influence-t-elle la direction que prendront les bibliothèques dans un avenir à court, moyen et long terme? Et comment le Web social s’y inscrit-il? Est-il un acteur essentiel au fonctionnement des bibliothèques publiques?

Dans les bibliothèques publiques rurales c'est-à-dire celles situées en région, la structure des communications est basée sur une échelle plus petite. Et ce, que ce soit en matière d’outils, de budget et de personnels dédiés. L’une des caractéristiques des communications de natures formelles est que les outils utilisés sont souvent plus restreints. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que le bibliothécaire qui y travaille à plusieurs chapeaux à porter donc celui d’assurer les communications. D’autre part, le système municipal est de manière générale plus accessible puisque la machine politique est plus petite, les étapes et les composantes de la structure administrative sont moins lourdes. Donc, les décisions sont souvent entérinées plus rapidement que dans les bibliothèques en milieu urbain et périurbain.

Les bibliothèques en milieu urbain et périurbain se caractérisent souvent par une structure multisite. Cette composante est non négligeable puisque chacun des points de service rencontre des spécificités quant à la population qu’il dessert ainsi qu’au nombre d’intervenants qui participent à la structure décisionnelle. Cela a une influence directe sur la structure communicationnelle. En effet, la communication formelle y est plus bâtie et utilisée puisqu’elle doit composer avec une structure plus complexe due aux différents points de service. Les bibliothécaires ont des tâches plus spécifiques que celles dans les petites bibliothèques de région. Par exemple, il peut y avoir une personne dédiée aux communications pour l’ensemble des bibliothèques d’une ville. Cette personne aura la possibilité de travailler en collaboration avec le département des communications. Généralement, les milieux urbains et en périphérie des grands centres, ont pour la plupart, accès à des spécialistes des communications qui chapeautent les grands dossiers. Et ce, pour les soutenir dans leurs actions formelles ainsi que dans le choix des outils de communication. Par exemple, on remarque un plus grand respect de la charte graphique dans les milieux de plus grande taille. La communication informelle demeure, mais elle est visible à une échelle plus locale c’est-à-dire dans chacune des bibliothèques (point de service). Par exemple, elle peut se matérialiser par un groupe Facebook qui regroupe les employés d’une seule bibliothèque pour faire un genre de veille informelle de ce qui se fait ailleurs.


Rôle et besoins des acteurs, comment est dirigée leur attention?

Ensuite, il est certain que la taille de la bibliothèque et son découpage géographique influence les rôles et les besoins des acteurs qui les composent. Mais le cœur de leur attention sera plutôt construit sur des cadres de référence. Tel que le manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique : https://www.abpq.ca/pdf/Manifeste_UNESCO_sur_les_bibliotheques_publiques.pdf. Il y a aussi l’agenda 2030 de l’ONU qui sert de référentiel dans une perspective macro.



« L’Agenda 2030 prend en compte la dimension environnementale, en insistant sur les liens entre lutte contre la pauvreté et préservation de la planète face aux dérèglements climatiques. Il recense cinq piliers du développement durable : planète, population, prospérité, paix et partenariats […] Il s’agit également de mettre en œuvre toute les ODD à différents niveaux, aussi bien national que local. Il est enfin extrêmement novateur dans le sens où il encourage la participation de la société civile, des citoyens et du secteur privé » (Mission permanente de la France auprès des Nations Unis à New York, 2020). 

En tenant compte des grandes missions et en ayant une connaissance approfondit des données démographiques qui composent leur population, les bibliothécaires construisent leurs actions. Par exemple, prenons une bibliothèque qui doit composer avec une population vieillissante. Si cette frange de la population rencontre des enjeux de fracture numérique, la bibliothèque va construite son offre sur de la formation pour palier à cette problématique. Et ce, afin d’offrir à cette tranche de la population la possibilité de demeurer des citoyens actifs et capables de participer au Web social. Que ce soit par le biais des réseaux sociaux, des blogues ou tout simplement d’être capable d’emprunter des livres numériques ou encore de remplir des documents gouvernementaux comme une demande de passeport. 

Un autre exemple, celui d’une bibliothèque en milieu rural qui fait face à de la pauvreté sociale pourra tourner son attention vers l’objectif 1 de l’Agenda de 2030 de l’ONU qui est de réduire la faim. Elle pourra créer des partenariats avec des acteurs locaux issus du milieu agroalimentaire afin de proposer des initiatives permettant à sa population d’avoir une plus grande autonomie alimentaire. Par exemple, en leur proposant une bibliothèque de semences arrimée à un jardin communautaire ou encore par la tenue de cours de cuisine en groupe. Les exemples sont nombreux. Ce qu’il faut en retenir c’est que peu importe l’écosystème dans lequel s’inscrit la bibliothèque, le bibliothécaire se sert à la fois des grands référentiels pour guider ses actions et des particularités de sa population. Finalement, le bibliothécaire joue un rôle social important. Il agit pour toutes les tranches d’âge de sa population. Il se doit d’être le plus inclusif et équitable possible dans le déploiement des services. Peu importe la sphère : éveil à la lecture, littératie, animation, fracture numérique. Plus globalement, sa mission est de faire de sa bibliothèqueun  tiers-lieu accessible localement et hors les murs. Une bibliothèque tiers-lieu se définit par un lieu « neutre, accessible à tous, sans discrimination d’aucune sorte et incarne l’égalité pour tous les individus » (Ligault, L., 2021). Ce concept émerge dans les années 80 et sa paternité revient au sociologue Ray Oldenburg. En effet, Oldenburg désigne le concept de "third place” ou le troisième lieu en français comme un lieu autre que la maison et le travail (traduction libre Oldenbergerg, R., 1989).


La pérennité des structures actuelles

Les bibliothèques publiques ont une structure assez stable puisque leur construction et dépenses de fonctionnement dépend majoritairement des fonds publics et de subventions gouvernementales. S’ajoutent à cela des donateurs privés qui parfois contribuent à la rénovation d’un espace ou à la construction d’une nouvelle bibliothèque. Ces bâtiments sont de plus en plus imaginés par de grands architectes et font figure de prestige pour une ville. Bien sûr la stabilité est relativement pérenne mais le bibliothécaire a les mains et les poings liés à la structure administrative (maire, élus) de sa ville ou de son village. Ces actions reposent sur un budget annuel mais il doit faire entériner au conseil tout demande supplémentaire de ressources financières et humaines. Pour l’achat des livres c’est un peu différent, une partie est dans le budget ville et une autre est octroyée par le gouvernement sous respect de certaines règles. Imaginons la construction d’une nouvelle bibliothèque, peut-être que le Web social pourra dans un avenir à moyen terme permettre aux usagers de proposer des idées de nouveaux usages. Et, que ceux-ci seront pris en considération dès les prémisses du projet. Un genre de consultation citoyenne virtuelle.


Les tendances du milieu des bibliothèques publiques

À l’heure actuelle les bibliothèques publiques ont beaucoup réinventé leur usage et leur espace. Elles ont délaissé en partie les livres au profit d’autres services : bibliothèque de semence, bibliothèque d’objets (outils, jeux de société), jardin, location d’instruments de musique, conférences, animations diverses, café, fablab, etc. La redéfinition des usages repose sur des zones collaboratives de travail, des zones pour fabriquer des objets(fablab). Des zones de bruits et silence, des zones extérieures (jardin, lecture en plein air, etc.). La place qui était occupée par des livres est redéfinie au profit d’espace d’accueil adaptatif. Les livres sont parfois entreposés ailleurs et un service de livraison est possible. 

À ce jour, on observe en bibliothèque que l’offre numérique est diverse. En effet, on y retrouve les livres numériques mais aussi beaucoup d’autres ressources : des plateformes de musique, des cours de toutes sortes (langues, musique), des jeux éducatifs, des revues numériques, des conférences en ligne et des archives. 


Donc, les grandes tendances observables sont : une augmentation de l’offre numérique et une redéfinition de l’espace pour les usages. En observant les tendances numériques, on pourrait imaginer un espace d’interactions sur le catalogue en ligne de la bibliothèque. Un endroit où les usagers pourraient suggérer autre chose que des livres. Par exemple des nouveaux jeux ou encore des semences. On pourrait même envisager la création de tutoriels vidéo (sur YouTube) qui explique les règles d’un jeu et qui seraient créées par des abonnées de la bibliothèque.


Les volontés d’évolution de ces tendances

Les bibliothèques publiques ont de façon globale réussit le pari d’adapter leur offre aux nouvelles technologies et de s’inscrire dans l’univers du Web social. Et ce, à titre d’acteur mais aussi de médiateur. Depuis la pandémie de Covid-19, elles se sont plus que jamais adaptées, notamment en accélérant le déploiement de leur offre numérique et de leur présence en ligne. Par le biais de leur catalogue, des réseaux sociaux et des blogues. L’avantage qu’à su révélée la pandémie est que de plus en plus d’usagers ont pris l’habitude d’utiliser les différents espaces numériques et les services qui y sont associés. Ceci constitue une réelle force d’action qui s’est matérialisée par une collaboration des différents acteurs du milieu : éditeurs, bibliothèques, gouvernements, fournisseurs des différents logiciels (SIGB, infonuagique et technologies et bien sûr les usagers.


Les tendances à court, moyen et long terme

Les bibliothèques évoluent avec les besoins de leur communauté. La place qu’occupe désormais l’offre numérique et le Web social n’est plus à faire mais à améliorer.


Comment le Web social est-il présent et utilisé en bibliothèque publique?

En 2022, on pourrait dire que le Web social et les bibliothèques font bon ménage. En effet, les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés par les bibliothèques comme outil promotionnel mais aussi comme calculateur de satisfaction. D’autre part, l’utilisation des blogues est désormais une pratique répandue. La raison peut s’expliquer en partie par la façon dont les blogues sont utilisés. Par exemple, ils servent à dresser des listes de lecture, à suivre la temporalité des saisons pour faire la promotion des services en lien avec le calendrier annuel. Aussi, plusieurs catalogues de bibliothèques proposent à leur usager des étiquettes (tags) pour chercher plus efficacement des documents. Les usagers peuvent parfois en proposer eux-mêmes. En cliquant sur un des mots, l’utilisateur à des suggestions en lien avec ce mot clé. De plus, les catalogues intègrent des réseaux sociaux de critique de livres comme Babelio. Cela permet à l’usager de rédiger directement une critique du livre dans le catalogue de la bibliothèque. Il peut aussi ajouter une citation du livre. Pour voir un exemple, voici un lien vers le catalogue de la bibliothèque d’Alma : https://alma.inlibro.net/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=32878&query_desc=Dupuy%2C%20Marie-Bernadette.

Cet exemple illustre que le Web social permet à la bibliothèque et à ses usagers de communiquer de façon informelle et de bâtir ensemble un catalogue collaboratif. L’information circule librement et donne de la légitimité à l’usager à titre de participant actif. De plus, cela donne un biais positif envers la bibliothèque et installe une relation de confiance. Concrètement on pourrait dire que la bibliothèque s’occupe de la gestion de l’information formelle donc en ce sens on pourrait la qualifier d’institution de la crédibilité tandis que les usagers créés des contenus informels. Alors, dans l’univers du Web social, le livre devient un objet social dans le sens que les usagers peuvent par le biais du catalogue créer, transmettre, partager, imprimer, télécharger, ajouter, étiqueter, collaborer, commenter, regrouper, « favoriter » (INF6107, module 5) ».


Un an plus tard…

Que se passe-t-il en un an? Les tendances générales vont s’accélérer doucement Principalement en matière de livres numériques et de critiques de livres participatives. En ce sens, un article paru dans la revue Documentation et bibliothèques sur le livre numérique, démontre bien que la demande est en évolution constante mais elle comporte tout de même de nombreux défis. « L’évolution rapide des technologies permettant d’accéder à ce mode de lecture, la pluralité des intervenants avec lesquels il est nécessaire de communiquer pour offrir un soutien de qualité aux usagers et la mise à jour, en continu, des connaissances des professionnels de l’information figurent parmi les nombreux défis à relever (Breault, S-J., Breton, M., Fortin, A. & Gamache-Vaillancourt,G., 2021) ».

D’autre part, concernant l’espace physique, les bibliothèques québécoises déploient de plus en plus de services qui se détachent du livre papier traditionnel comme le démontre le nouveau gala des bibliothèques publiques et le rapport annuel de ABPQ de 2021. Le gala met l’accent sur ces nouveaux services à la population. Par exemple, dans ls bibliothèques publiques québecoises, les bibliothèques de semences sont des phénomènes récents de moins de 10 ans.

Donc, globalement il est possible d’observer une grande tendance à développer des bibliothèques tiers-lieu qui offrent des espaces aux usages multiples ainsi qu’une offre numérique exponentielle. Cette offre se développe et se déploie de plus en plus grâce aux réseaux sociaux et aux blogues qui en assurent la promotion. Et ce, à faible coût.

5 ans plus tard…

Il est envisageable de songer que d’ici 5 ans, plusieurs bibliothèques auront emboîté le pas en adaptant leur espace à des usages plus divers. Bien sûr, 5 ans c’est court dans le milieu municipal auquel les bibliothèques publiques sont rattachées. Rappelons qu’un mandat politique dure 4 ans et que les dirigeants des bibliothèques publiques sont soumis aux axes et aux priorités des élus siégeant en poste. En ce sens, notons que les prévisions et les tendances abordées dans la section un an plus tard, seront plus palpables et plus présentes. Que ce soit en matière de nombre d'initiatives mais aussi en nombre de ressources et de technologies qui supportent l’offre numérique et le Web social s’y rattachant.


20 ans plus tard…

Les bibliothèques seront le résultat d’une volonté citoyenne. Elles seront encore plus soutenues par des technologies telles que les puces RFID et les retours par automatisation.

D’autre part, elles seront véritablement des tiers-lieux regroupant des gens de tous les âges qui partagent ensemble cet espace aux divers besoins. Restera-t-il des livres physiques? Les nostalgiques vous diront oui les pragmatiques vous diront oui s’ils servent à quelque chose. Donc, dans cette optique on peut affirmer que les livres demeureront au moins à titre d’archives et espérons-le à titre de divertissement et de sources de savoir. Une chose est certaine, les bibliothèques seront de plus en plus des lieux culturels de réunions qui sont le reflet des besoins des communautés qui les fréquentent. Si ces communautés désirent des livres alors il y en aura. 


Pour conclure

Nous avons abordé la description du milieu, les rôles et les besoins de ses acteurs, la pérennité de ses structures, ses tendances et leurs évolutions. Mais aussi comment le Web social s’inscrit-il dans tout ça dans un horizon proche et lointain. Globalement, on pourrait dire que les usagers qui utilisent le Web social par le biais du catalogue de leur bibliothèque forme un groupe social. Dans ce groupe, ils agissent à titre de participants actifs et créateurs de contenus (avis, mots-clés, citation). Ils peuvent aussi assurer leurs diverses présences sur les réseaux sociaux. Plus largement, il est envisageable de croire que les usagers seront de plus en plus des créateurs de contenus dans le Web social. Les bibliothèques publiques transforment de jour en jour leurs espaces en tiers-lieu. Ces espaces sont dédiés aux citoyens. Outre le caractère physique du lieu, il existe aussi la sphère numérique qui est un lieu de diffusion et d’accès aux savoirs tout en étant de plus en plus un lieu de partage et de constructions de ces savoirs. C’est l’essence même du Web social. Et en ce sens, la mission des bibliothèques publiques est en adéquation avec cet état esprit. Donc, comme tendance montante pensons à un futur collaboratif et accessible où les ressources en licence libre seront grandement répandues. Une démocratisation de l’accès. Et pourquoi pas, un espace d’autopublication pour offrir à plus de voix de prendre la parole dans l’espace publique virtuel. 

Il est fort à parier que la place qu’occupe le Web social dans les bibliothèques continuera de se légitimer jusqu’à devenir un acteur essentiel. Essentiel comme outil de communication destiné aux usagers et aux employés des bibliothèques.  Et ce, afin de faciliter la co-construction du tiers-lieu en un véritable miroir des besoins de sa communauté en lui donnant un réel pouvoir d’action générant des impacts sociaux positifs. Bref, une réelle voix!


Bibliographique

ABPQ. (2021). Rapport annuel ABPQ 2021. https://www.abpq.ca/pdf/rapport_annuel_abpq_2021.pdf

ABPQ et Réseau Biblio. (2022). Présentation des projets finaux et lauréats. http://prixdesbibliotheques.ca/pdf/Prix-des-bibliotheques2022_Document-presentation-projets.pdf

L’Agenda 2030 de développement durable. (s. d.). France ONU. Consulté 21 décembre 2022, à l’adresse https://onu.delegfrance.org/L-Agenda-2030-de-developpement-durable

Ligault, L. (s. d.). La bibliothèque comme troisième lieu. Consulté 21 décembre 2022, à l’adresse https://www.adimeo.com/blog/la-bibliotheque-comme-troisieme-lieu

Oldenberg, R. (1989). The great good place : Ray Oldenburg : Free Download, Borrow, and Streaming. Internet Archive. https://archive.org/details/greatgoodplaceca00olde_2

Sylvie-Josée Breault, Maryse Breton, Antoine Fortin et Geneviève, Gamache-Vaillancourt, & sylvie-Josée. (2021). Le livre numérique : Quelques millions de prêts plus tard. https://doi.org/10.7202/1076994ar





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